Une enfance malmenée par le regard des autres, une histoire
personnelle très douloureuse, des préjugés qui la condamnent avant de
la connaître… cette douce quinquagénaire délivre pourtant un message
d’amour. Et de tolérance.
La rudesse de la vie n’épargne pas Claudine. Depuis sa plus petite
enfance, elle avance avec, comme elle le dit, son sac à dos placé
devant. Là, posé sur son ventre. Ces rondeurs, elle les a toujours
connues. Elles font partie de son corps, hantent encore son esprit
même si elle a appris à s’en libérer à l’aide de la sophrologie et de
l’olfactothérapie, deux médecines douces qu’elle pratique pour son
bien, mais surtout pour celui des autres.
C’est le paradoxe de Claudine : montrée du doigt depuis toujours,
elle a réussi des études en gestion des ressources humaines et,
aujourd’hui, travaille au services des autres. Isolée et brutalisée
par un compagnon toxique, elle plaide pourtant l’amour. Jamais
concernée par un trouble alimentaire, elle grossit au fil du temps. La
faute à ses émotions, la faute à un corps qui surréagit à la tension,
à l’angoisse.
A 54 ans, Claudine se remémore avec douleur les périodes de sa vie,
toutes séquencées par l’inévitable référence à son poids. « J’ai
découvert mon obésité au travers du harcèlement, de la violence, de la
méchanceté, de la jalousie. Aussi bien au niveau scolaire, que
familial et professionnel, poursuit cette responsable d’un service
public en poste depuis trente ans. Quand j’étais enfant, on appelait
cela les rondeurs de bébé, elles étaient un peu plus conséquentes que
les autres... »
Sans doute une part de génétique, sans doute aussi la conséquence
d’une surprotection maternelle vis-à-vis de l’alimentation. « Je suis
issue d’un milieu ouvrier où la peur de manquer était présente », se
remémore celle qui, depuis toujours, vit dans la région des
Hauts-de-France. « J’ai eu conscience de ce poids qui m’entourait vers
3 ou 4 ans. Plus tard, le comportement des élèves m’a fait souffrir,
notamment lors des activités sportives pratiquées à l’école. J’étais
grande et forte, j’étais une belle plante, mais mes fameuses rondeurs
me pénalisaient au plan relationnel et m’écartaient de la facilité de
sociabilisation. » Son parcours de vie en sera marqué à jamais.
Propos recueillis par Philippe Saint-Clair