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Sensibilisation   Préjugés | 5 min. temps de lecture

Fanny : « Les personnes en situation d’obésité doivent être acceptées et non plus jugées »

A 31 ans, cette secrétaire médicale, longtemps victime d’un conjoint toxique, s’est protégée de la violence psychologique via la nourriture. Aujourd’hui, elle veut vivre sans stress et se sentir libre. 

Pourquoi avoir accepté de poser pour cette campagne d’affichage lancée dans le cadre de la Journée mondiale de l’obésité ?

Je suis plutôt à l’aise avec mon corps. Mais je sais aussi qu’il est difficile de se montrer sans redouter le regard des autres, sans craindre leur jugement. Ce qui m’importe dans cette campagne de sensibilisation contre l’obésité et ses préjugés (1), c’est de pouvoir aider les personnes qui sont plus en difficulté que moi et, surtout, d’aider à changer les mentalités des gens. Je pense qu’une telle campagne peut interpeller certaines personnes et leur permettre de se remettre vraiment en question.

Le message que l’on voit sur l’affiche où vous apparaissez parle d’obésité et de stress…

Au vu de la raison de ma prise de poids, c’est le message qui me correspond le mieux. Je suis par nature stressée et, du coup, mes sens et mon corps réagissent. Ce qu’il faut comprendre à travers cette affiche et cette question, c’est qu’il ne suffit pas de régler juste ce problème pour perdre du poids.

L’obésité est-elle mal vécue par le grand public ?

Je pense que l’obésité est mal vue. Elle est associée à la paresse ou à une mauvaise hygiène de vie. Ce n’est pas le cas pour tout le monde. Elle peut être d’origine émotionnelle, psychosomatique, etc. C’est une maladie bien réelle.

Comment avez-vous découvert votre obésité ?

J’ai commencé à prendre du poids à l’âge de 20 ans. Je vivais une situation relationnelle difficile. Je partageais la vie de quelqu’un qui ne supportait pas que je prenne quelques kilos et me rabaissait. Son attitude envers moi était méchante, insultante. Ses reproches n‘ont pas aidé à inverser la situation, au contraire, j’ai pris plus de poids. Toutes ces années de violence psychologique m’ont fait prendre plus de 60 kilos. Cette relation est terminée, mais l’engrenage s’est poursuivi. J’ai mis six ans à reconnaître l’évidence et quelques années de plus à vouloir changer les choses.

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Existe-t-il des prédispositions à l’obésité dans votre famille ?

Non. Quelques personnes sont un peu fortes, peut-être un peu en surpoids, mais pas d’obésité.

A quoi attribuez-vous votre obésité ?

A mes émotions qui ont un impact direct sur mon comportement alimentaire. Pendant mon adolescence, je n’habitais pas avec mes parents et j’ai très mal vécu cette situation, d’autant que l’entrée au lycée n’est pas toujours facile pour les enfants. Quand j’ai retrouvé ma famille, tout est rentré dans l’ordre…

Etes-vous accompagnée par des professionnels de santé ?

Oui, je suis suivie par l’équipe du Centre spécialisée obésité (CSO) de la clinique de la Sauvegarde à Lyon. J’ai une prise en charge nutritionnelle, mais aussi psychologique. C’est important car, jusqu’ici, je n’avais jamais vu de psychologue en lien avec ma prise de poids.

Avez-vous songé à la chirurgie bariatrique ?

Quand j’ai commencé la prise en charge, j’ai suivi un protocole similaire à celui de la chirurgie bariatrique, mais à l’heure actuelle, je ne souhaite y avoir recours. Je ne suis pas prête pour ce type d’opération et ma santé ne le nécessite pas à l’heure actuelle. Certes, il ne faut pas que je prenne plus de poids car cela pourrait s’avérer dangereux pour ma santé, si d’aventure je développais un diabète ou une maladie cardiaque. Ce n’est pas le cas, mais je reste vigilante.

Avez-vous dû lutter contre les préjugés ?

En famille ou au plan professionnel, je n’ai pas eu à vivre des cas de discrimination, mais je sais que cela existe, d’où ma mobilisation pour cette campagne.

Ressentez-vous parfois un sentiment de culpabilité ?

Non, je ne me sens pas coupable car, maintenant, je sais qu’il s’agit d’une maladie. Lorsque j’ai pris conscience que j’avais un problème lié au poids, j’ai effectué un travail sur moi, toute seule. J’ai appris à ne pas me mentir, à regarder la réalité en face et à savoir ce que je voulais et ce que je ne voulais plus. Cela m’a permis d’amorcer le processus dans lequel j’évolue aujourd’hui et qui m’a permis de pousser les portes du CSO.

Quelle est la nature du propos vous souhaitez faire passer au grand public en posant comme modèle ?

Qu’il faut comprendre la différence. Les personnes en situation d’obésité doivent être acceptées et non plus jugées.

Propos recueillis par Philippe Saint-Clair

Références

(1) La campagne de sensibilisation Novo Nordisk « Les préjugés ne soignent pas l’obésité » sera visible du 28 février au 6 mars 2022 dans 300 emplacements du réseau des transports franciliens et sur les réseaux sociaux.

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