Car 13 ans, c’est justement la période où Julie a pris du poids.
Beaucoup de poids. « Petite, j’étais bien portante », raconte-t-elle,
mais un événement va accélérer la métamorphose de son corps. « Ma mère
a repris une affaire pour laquelle elle s’est beaucoup investie. Avec
ma sœur, nous avons été livrées à nous-mêmes. A cause de cette
absence, je me suis tournée vers la nourriture. Je mangeais trop et
mal. Jusqu’à l’âge adulte, mon poids est allé crescendo, et puis j’ai
dit stop, ça suffit ».
A 34 ans et 126,7 kilos, Julie passe à l’action. Ce sera l’anneau
gastrique. « J’ai été très bien entourée, très bien guidée. Depuis
dix-huit mois, je suis en relation avec un nutritionniste qui
m’explique comment manger lentement, comment bien mâcher, et avec une
diététicienne qui me conseille sur la façon d’accommoder les divers
aliments ».
Julie le précise : il ne s’agit pas de régime mais plutôt d’une
organisation alimentaire adaptée avec un petit-déjeuner moins sucré,
mais à base de céréales complètes ; un repas de midi plutôt à base de
féculents et protéines ; le soir, le plat sera un peu plus léger. «
C’est d’autant plus efficace que cette professionnelle de santé
m’incite à me faire plaisir en mangeant et en évitant la frustration
qui a de très mauvaises conséquences ».
Tant il est vrai que la privation conduit la mémoire du corps à
stocker les matières grasses en vue de la prochaine abstinence. « Le
corps enregistre tous nos comportements et cela peut se retourner
contre nous », n’ignore pas Julie, heureuse d’avoir perdu 20
kilos.
A bientôt 36 ans, Julie n’envisage pas d’autres interventions. « Les
techniques chirurgicales me paraissent agressives et cela entraîne des
soins et des risques que je ne souhaite pas prendre ». L’anneau
gastrique a permis à Julie de prendre de bonnes habitudes alimentaires
et de bons réflexes en terme d’hygiène de vie. Elle s’est donné pour
objectif de perdre une vingtaine de kilos supplémentaires.
Active et déterminée, elle se rend régulièrement dans une salle de
sport. Les regards n’y sont pas accusateurs, au contraire. Mais la
discrimination se cache parfois au coin de la rue. « La grossophobie,
c’est la phobie des gros. Une phobie c’est la peur de ce que l’on ne
connaît pas, de ce que l’on ne comprend pas, martèle Julie. Les gens
critiquent les personnes grosses parce qu’ils ne savent pas qui elles
sont et ne comprennent pas pourquoi elles sont comme ça. Si le grand
public était mieux informé sur l’obésité, je suis sûre que la
stigmatisation reculerait et on vivrait dans un monde avec moins de
préjugés blessants ».