Parlons de poids: il est temps de changer la discussion sur la prise en
charge de l'obésité
Le COVID-19 a placé l’obésité à l’ordre du jour des soins de santé et
a souligné l’urgence de repenser la façon dont nous percevons et
traitons cette maladie. Bien que de nombreux progrès aient été
réalisés dans le domaine de la régulation du poids et pour faire
évoluer les options de prise en charge de l’obésité, discuter du poids
avec un professionnel de santé a longtemps été un défi.
Par le Dr Michael Vallis, psychologue de la santé exerçant à Halifax, au
Canada, qui se concentre sur les formations destinées à aider les
professionnels de santé
août 2020
«Pourquoi devrais-je écouter ce que vous dites?
En fait, pourquoi devrais-je vous parler tout court?»
Si ces questions sont dures, en tant que psychologue de la santé
travaillant dans le domaine de la prise en charge de l’obésité, elles
ne me dérangent pas du tout. En fait, je les trouve très
éclairantes.
Une grande partie de mon
travail consiste à former des professionnels du domaine de la santé à
la prise en charge de l’obésité. Pas l’aspect médical de la prise en
charge de l’obésité, mais l’aspect attentionné de la prise en charge
de l’obésité.
Dans ce contexte,
comment les questions difficiles dont j’ai parlé précédemment
sont-elles utiles? Et bien, elles exposent un problème majeur
concernant le rôle que jouent les professionnels de santé dans la
prise en charge de l’obésité. Si votre poids a déjà fait l’objet de
discussions lors de vos visites chez un professionnel de santé,
peut-être avez-vous, vous aussi, posé ces questions (à voix plus ou
moins haute).
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«Le médecin n’est qu’un grain de poussière dans la vie d’une
personne, et probablement le premier à être ignoré. Les conseils
d’experts peuvent être utiles, mais ils ne contrôlent pas le
comportement au fil du temps.»
Il y a toujours deux façons de voir les choses. Le clivage médecin/patient
Je me retrouve souvent à diriger une session de formation sur la
prise en charge de l’obésité devant une salle de 30 ou 40 médecins. Si
je pose la question «Pourquoi votre patient devrait-il écouter ce que
vous dites?», j’obtiens en général 3 réponses.
La réponse la plus courante est: «Les patients doivent
écouter parce que je suis un expert». Ce à quoi je réponds en
rappelant au médecin qu’il n’est qu’un grain de poussière dans la vie
d’une personne, et probablement le premier à être ignoré.
Pensez-y simplement: Vous consultez votre médecin,
vous convenez d’un plan, puis vous rentrez chez vous et découvrez que
votre conjoint est sceptique et remet en cause les recommandations de
votre médecin. A qui donnez-vous satisfaction? Votre conjoint ou votre
médecin? Ensuite, vous sortez avec vos amis et ils veulent faire autre
chose que ce dont vous et le médecin êtes convenus.
Que se passe-t-il? Donnez-vous satisfaction à votre médecin quitte à
finir tout seul, ou donnez-vous satisfaction à vos amis? Les conseils
d’experts peuvent être utiles, mais ils ne contrôlent pas le
comportement au fil du temps et ne supplantent certainement pas les
relations importantes et les aspects culturels de votre vie.
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«Les émotions dominent la logique chez la plupart des êtres humains.»
La deuxième réponse la plus fréquente à cette question est «Mes
patients savent qu’ils devraient le faire.» Cela soulève le problème
de ce qu’on «veut» par rapport à ce qu’on «devrait» faire. En tant
qu’êtres humains, nous avons réellement des besoins concurrents. Nous
avons un côté émotionnel, basé sur les désirs et motivé par la quête
du bonheur. Et nous avons un côté
logique qui peut calculer les risques et les avantages. Qu’est-ce
qui est plus fort, d’après vous? Et oui, les émotions
dominent la logique chez la plupart des êtres humains.
D’accord, alors quelle est la troisième réponse, moins commune? Le
médecin indique que «le patient a des raisons personnelles et
significatives de demander mes conseils et de les suivre». Bingo! Les
êtres humains sont plus susceptibles d’adopter des comportements qui
sont cohérents avec leurs croyances et leurs valeurs.
Ainsi, la prise en charge contemporaine de l’obésité
repose d’abord sur le questionnement, l’écoute et la compréhension de
l’expérience de la personne. À partir de ce point de départ commun, la
personne et le médecin peuvent négocier différentes options
de prise en charge.
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«La prise en charge contemporaine de l’obésité repose d’abord sur le
questionnement, l’écoute et la compréhension de l’expérience de la personne.»
Je raconte cette histoire parce qu’elle illustre le problème auquel
j’ai fait allusion ci-dessus. À savoir que le système médical a été
conçu pour être un système d’experts dans lequel le médecin est
l’expert et vous êtes la personne non informée.
Cette configuration fonctionne pour le service des
urgences ou dans la salle d’opération, mais pas quand il s’agit de choix
comportementaux que les gens font au quotidien. Dans notre vie,
c’est nous qui devons être en charge. Vous avez des enfants? Quel âge
avait votre enfant lorsqu’il ou elle vous a dit pour la première fois
«c’est pas toi qui commandes»? Et comment est-ce que je sais que les
premiers mots de votre enfant étaient «Non!» et «C’est moi qui fais!»
et pas «Maman» ou «Papa»?
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«Dans notre vie, c’est nous qui devons être en charge. La prise
en charge de l’obésité nécessite une approche que j’appelle:
Collaborer et rendre autonome».
Approche contemporaine de la prise en charge de l’obésité
Les approches contemporaines de la prise en charge de l’obésité
adoptent cette perspective de collaboration et d’autonomisation et se
fondent sur le respect, la bienveillance et le soutien à l’expertise
personnelle d’une personne. Imaginez que votre médecin vous dise «Vous
êtes l’expert de vous-même, et moi j’ai une certaine expertise dans la
prise en charge de l’obésité». Pensez-vous que nous pourrions
travailler ensemble pour trouver des solutions qui fonctionnent pour
vous?
Je crois qu’une telle
invitation est une façon dont les professionnels de santé et les
personnes atteintes d’obésité peuvent commencer à collaborer pour
mettre en œuvre une prise
en charge efficace de l’obésité.
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«Manger moins, Bouger plus» peut ne pas fonctionner seul
pour l'obésité
Il existe un nombre impressionnant de recherches qui montrent que
les professionnels de santé font preuve de préjugés et de
stigmatisation envers les personnes qui souffrent d'obésité, qui à
leur tour, ne considèrent pas les professionnels de santé comme des
sources de soutien.
Et c’est ici que
vient se poser la deuxième question que j’ai mentionnée ci-dessus:
pourquoi devrais-je vous parler? Et bien, si c’est ce que vous
ressentez ou si vous avez connu l’expérience d’être jugé par
un professionnels de santé, j’aimerais que vous sachiez que le
problème ne vient pas de vous.
Tout est lié à la personne;
une équation simple entre l’entrée et la sortie d’énergie. Donc, si
vous voulez perdre du poids, mangez moins et bougez plus; sinon, c’est
qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez vous. Au sein de la société
appelée Obésité Canada, dont je suis membre fondateur, nous avons
baptisé ce phénomène «Nightmare on ELMM Street» (d’après le titre
orignal du film «Les Griffes de la nuit», ELMM désignant la doxa
«Manger moins, bouger plus» [Eat Less, Move More]).
Le poids n’est pas un comportement
Les preuves abondent indiquant que l’obésité est une pathologie
médicale – le risque d’obésité est lié à votre génétique; l’appétit
est complexe et implique plusieurs systèmes cérébraux qui protègent
contre la perte de poids; et la nourriture concerne autant les
problèmes sociaux et émotionnels que le poids.
Par conséquent, nous savons que la perte de graisse
entraîne des changements neurohormonaux qui augmentent l’appétit,
réduisent la sensation de réplétion; l’organisme essaie de protéger le
poids le plus élevé qu’il ait connu.
Un moment pivot pour la profession médicale
Nous nous sommes enfoncés dans un trou très profond. L’état d’esprit
du «manger moins, bouger plus» a créé des préjugés contre les
personnes atteintes d’obésité, préjugés, ainsi que de
l’autodénigrement de la part des personnes atteintes d’obésité.
Au nom de ma profession, je pense que nous
devons travailler très dur dès maintenant pour regagner la confiance
des personnes atteintes d’obésité. Pourquoi nous donneraient-ils une
autre chance si nous ne pouvons pas prouver que nous avons
changé?
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«Nous devons reconnaître que nos croyances passées concernant
l’obésité et la façon de la traiter étaient fausses, et que nous
comprenons maintenant l’obésité différemment.»
Mais si vous avez été victime d’un préjugé
lié à l’obésité, il peut être difficile de l’oublier. Je veux insister
sur cela. Nous vous avons mal traité. Vous en avez subi les
conséquences néfastes.
Plus d’une stratégie de traitement
Puisqu’il s’agit d’une pathologie médicale, tout comme le diabète de
type 2, l’hypertension et l’asthme, le traitement de l’obésité
nécessite une combinaison de stratégies médicales et
comportementales.
De plus, les
maladies chroniques nécessitent une prise en charge autonome et un
soutien à la prise en charge autonome, que la relation entre le
médecin et le patient doit apporter. Dans cette relation, vous n’êtes
pas passif, et vous n’êtes certainement pas soumis. Vous êtes un
partenaire à part égale. Je dis cela parce que je pense que si vous
n’êtes pas satisfait des soins que vous recevez, vous avez le droit
d’en informer votre médecin, d’avoir une opinion critique et d’engager
une discussion constructive.
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«Ne renoncez pas, il existe des professionnels de santé bienveillants
qui utilisent une approche collaborative dans les soins de
l’obésité!»
J’ai occasionnellement posé la question suivante aux médecins: «Si
votre patient vous ressentait comme moralisateur, méprisant et
indifférent, cela vous ébranlerait-il?»
La réponse que j’obtiens invariablement est émouvante «Oui,
cela me contrarierait absolument!» Ce qui veut dire qu'en moyenne, le
médecin essaie. J’aimerais que la phrase: «Lorsque vous dites ce que
vous venez de dire, j’ai l’impression que vous me jugez», soit perçue
comme une invitation à collaborer.
Si
vous n’êtes pas satisfait de la réponse que vous obtenez, alors
ce professionnel de santé pourrait ne pas vous convenir.
Ne renoncez pas, il existe des professionnels de
santé bienveillants qui utilisent une approche collaborative dans les
soins de l’obésité!
Références
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Challenges to Self-Management Support in Chronic Diseases. Can J
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skills to successfully integrate behaviour change counselling into
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counselling into chronic disease management: a square peg in a round
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Action-IO. Diabetes Obes Metab.
2019;21:1914–1924" after 'Action-IO
Possibilités de prise en charge du poids scientifiquement prouvées
Qu’il s’agisse d’une thérapie comportementale, d'une activité physique
accrue ou d’une intervention de chirurgie bariatrique, il existe
diverses façons de traiter l’obésité.
Débutons la conversation: 10 questions à poser à votre médecin
Ces dix questions peuvent vous aider à démarrer un dialogue et commencer
à comprendre quelles options thérapeutiques s’offrent à vous concernant
la prise en charge de votre poids.
Les conséquences d’un régime alimentaire: le poids augmente, l’estime de
soi baisse
«Régime miracle... “Perdez tout le poids que vous voulez tout en
mangeant tout ce que vous voulez”... Regardez votre graisse fondre.»
Partout où nous allons, nous sommes bombardés de messages sur les moyens
faciles de perdre du poids.
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